Ao Yun
Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler d'un vin que je n'ai pas encore goûté. Mais la description de ce vin, l'emballage et le classicisme de son étiquette, la beauté de son étui en bambou, et le rêve véhiculé par son lieu de production, me donne une sacrée envie de l'acheter et de le boire.
Encore faudrait-il pouvoir le trouver à l'Ile de La Réunion à un prix relativement abordable ...
Présentation du vin
Ao Yun, le nom choisi pour ce cru du bout du monde, incarne le rêve à lui tout seul. Il signifie «vol au-dessus des nuages» et renvoie à la beauté abrupte des paysages où les vignes ont été plantées, sur les contreforts de l’Himalaya. Un terroir improbable, aux portes du Tibet, sélectionné par le célèbre œnologue australien Tony Jordan (aujourd’hui décédé) qui arpenta les provinces chinoises pour LVMH pendant deux ans, de 2008 à 2010, allant jusqu’à se déplacer à dos de mulet sans jamais se séparer de sa station météo.
Ao Yun est le projet de Moët Hennessy motivé par une approche innovante de la viticulture et l'opportunité de découvrir le potentiel viticole d'une nouvelle région du monde, à la culture ancestrale riche et aux paysages à couper le souffle.
Quatre années ont été nécessaires à Moet Hennessy pour identifier le site le plus propice à ce projet. Le vignoble se trouve à l'écart des régions viticoles classiques de la Chine (Ningxia, Hebei, Shandong...). Il est situé au nord de la province du Yunnan, au pied de la Meili Moutain, dans les montagnes de l'Himalaya. Des missionnaires jésuites y avaient déjà planté de la vigne il y a plus d'un siècle, mais la viticulture était restée marginale.
Les vignes sont réparties sur quatre villages : Adong, Xidang, Sinong et Shori dans la vallée du Mékong où l'altitude varie entre 2200 et 2600 mètres permettant au cabernet sauvignon de dévoiler la plus fine expression de ce terroir unique.
Les conditions climatiques y sont exceptionnelles : la vallée ne subit pas la mousson, l'air y est sec, les moyennes de température sont similaires à celles de la région de Bordeaux, en France. Enfin la période de maturation du raisin peut être poussée jusqu'en décembre. Les vignes n'ont pas besoin d'être enterrées l'hiver et les pluies ne sont jamais excessives.
La viticulture y est cousue-main, dans le respect de la culture locale et de l'environnement qui l'entoure.
https://www.caves-legrand.com/fr/producteur/461/ao-yun
Le résultat est bluffant : Ao Yun 2014, le deuxième millésime a été tiré à 24 000 bouteilles ; un très grand vin élaboré sous le contrôle de Maxence Dulou installé ici avec femme et enfants (il parle le mandarin, il apprend le tibétain) qui en a fait le meilleur vin rouge de Chine et sans doute l’un des meilleurs vins du monde. Elaborer des vins ici, dans le Yunnan, à cette altitude, selon Jean-Guillaume Prats (président de Moët Hennessy Estates & Wines), c’est avant tout «un grand défi humain et un cauchemar logistique» au point que le Ao Yun coûte plus cher à produire qu’un Yquem. Ce Ao Yun, aurait tout d’un grand Bordeaux rouge mais produit au Tibet, à 2600 m d’altitude !
«A blend of 90% Cabernet Sauvignon and 10% Cabernet Franc, the 2014 Vintage is intense and deep dark in colour, demonstrating a multi layer identity with hints of cinnamon coupled with the freshness of mint and earthy tones. On the palate, the wine is dry, medium to full bodied offering a long and polished tannic structure. This wine will do very well upon some years of careful cellaring.»
Un commentaire de dégustation :
«Jolie robe pourpre bien brillante.
Nez léger assez fermé, sur des senteurs épicées et finement végétales qui enrobent les petits fruits rouges.
Bouche pointue construite autour d'une acidité haute qui apporte une trame fraîche et beaucoup de nerf. Mais l'aromatique manque de présence et de puissance ce qui crée que le vin ne dépasse pas un effet linéaire sympathique.
Finale qui manque de chair pour enrober son acidité malgré ses 15° imperceptibles, livrant un effet mordant mais des tannins quasi imperceptibles.»
Prix d'un flacon : entre 300 et 350 euros la bouteille.
La mitre de l'évêque
Domaine propriétaire : Domaine Pujol-Izard
Région : Languedoc
Appellation : Minervois
Présentation du vin
Le temps de garde de ce vin est indiqué par le domaine se situer entre 8 et 12 ans. Le terroir est argilo-calcaire sur grès, dans la zone des «Balcons de l’Aude». La vinification est réalisée par vendange mécanique avec tri embarqué. Le domaine sélectionne les raisins les plus gorgés de soleil et les plus beaux jus pour créer cette cuvée confidentielle.
Accompagnement : Servir à 16 ou 17 degrés sur une côte de boeuf au poivre ou un civet de sanglier aux airelles sauvages.
http://pujol-izard.com/fr/la-mitre/
Mon regard sur ce vin
C'est un vin qui m'a été conseillé par un excellent caviste sur Paris, intitulé «Aux Vins Cœurs» dans le douzième arrondissement parisien, tout près de la gare de Lyon. Vin magnifique, extrêmement parfumé : une véritable merveille !
Fourchette de prix unitaire
autour de 40 à 45 euros la bouteille
Clos du Marquis
Présentation du vin
Clos du Marquis a été créé en 1902. Ce cru est élaboré dans les mêmes conditions que le cru classé à partir de raisins provenant de la zone ouest du domaine, donc d’un terroir grande de qualité, entouré de 2èmes crus, mais de caractéristiques différentes de celle du grand vin qui, lui, jouxte Latour. L’assemblage est un peu plus riche en Merlot.
Les vendanges sont manuelles. La vinification est conduite dans un large ensemble de cuves bois, ciment ou inox, de tailles allant de 40 à plus de 200hl, permettant ainsi de s’adapter à la taille des lots avec souplesse. Le vin après transfert est élevé une vingtaine de mois en barriques de chêne (environ 25% neuves). Il est ensuite collé au blanc d’œuf frais avant mise en bouteilles. Tout au long de l’élaboration, tout est fait par les propriétaires et leur équipe pour obtenir des vins de la plus haute qualité exprimant le mieux possible leur terroir et possédant une aptitude suffisante au vieillissement.
La qualité est irréprochable. En raison du terroir et de l’assemblage, le vin est plus souple et plus rapidement accessible que «Léoville Las Cases» mais sans doute un peu moins profond. Il a souvent été à tort considéré comme un second vin. De fait, c’est un premier vin, élaboré comme tel, et qui se place au niveau de nombre de grands crus classés.
La production annuelle moyenne est d’environ 250.000 bouteilles. La commercialisation est faite par la place de Bordeaux.
Mon regard sur ce vin
C'est l'un de mes vins préférés, et qui reste relativement accessible en terme de prix et de durée de vieillissement nécessaire. Je l'ai bu dans de nombreux millésimes, les derniers étant les années 2015, et je n'ai jamais été déçu. Evidemment, celui qui est considéré comme son premier vin, le Chateau «Léoville Las Cases» me fait assurément encore un peu plus rêvé.
Fourchette de prix unitaire
entre 50 et 60 euros selon les millésimes
Carruades de Lafite
Présentation du vin
Initialement nommé «Moulin des Carruades», le second vin de Lafite a été renommé «Carruades de Lafite» dans les années 1980. Il est produit avec les mêmes méthodes et le même soin que le grand vin avec pour principale différence, la provenance des raisins. Les Carruades utilisent les raisins des vignes les plus jeunes et ceux de parcelles bien identifiées.
L’origine du nom vient du plateau des Carruades, nom de lieu d’un ensemble de parcelles jouxtant la croupe du château et acquises en 1845 par Château Lafite. Au XIXème siècle, les vins des Carruades sont commercialisés séparément du Château Lafite avant d’être finalement englobés. Le nom de Carruades est alors reprit pour le second vin de Château Lafite.
Par ailleurs, l’assemblage comporte en général une proportion beaucoup plus importante de Merlot que le grand vin, soit 30 à 50% (contre 5 à 20%), et en conséquence moins de Cabernet sauvignon (50 à 70%). Les vendanges sont manuelles. La vinification est conduite de façon parcellaire dans un cuvier associant les grandes cuves traditionnelles en chêne et les cuves en inox thermorégulées. Un cuvier merlot de petites cuves ciment (50 à 125hl) a été installé en 2010 pour améliorer encore le traitement parcellaire. La fermentation malolactique est poursuivie en cuves dans un cuvier spécifique étendu en 2010 pour conserver l’identification parcellaire.
Après assemblage, l’élevage de 16 à 20 mois est conduit pour 80% en barriques de chêne neuves, le reste en cuves. Particularité importante, les barriques sont fabriquées par la propre Tonnellerie des Domaines de Rothschild permettant une adéquation optimale des barriques. Le vin est mis en bouteille après collage aux blancs d’œuf frais.
Le vin est, après les Forts de Latour, l’un des meilleurs seconds du bordelais. Moins puissant que le grand vin, il le rappelle par son harmonieuse élégance. La production annuelle est d’environ 240 à 360.000 bouteilles. La commercialisation est faite par le négoce de la place de Bordeaux.
Mon regard sur ce vin
C'est l'un des vins les plus onéreux que j'ai été amené à boire. Au début des années 2000, ce vin était commercialisé à un prix tout à fait abordable, avec des primeurs aux alentours d'une quarantaine d'euros. Mais comme tous les vins Lafite et Rothschild, cette appellation a ensuite fait l'objet d'une intense spéculation et d'une forte demande, notamment en Chine, avec des prix qui ont grimpé pour atteindre près de 600 euros la bouteille pour tous les millésimes, avant de redescendre ces dernières années vers un prix proche de 300 euros la bouteille.
Fourchette de prix unitaire
aux alentours de 300 euros la bouteille. mais les primeurs 2018 semblent à peine dépasser les 200 euros
La Petite Sibérie
Domaine propriétaire : Domaine du Clos des Fées - M. Hervé Bizeul
Région : Côtes du Roussillon
Appellation : Côtes-du-Roussillon-Villages
Présentation du vin
Le nom ou surnom de Petite Sibérie est donné à certains lieux géographiques connus pour leurs hivers rigoureux, en référence à la région russe de Sibérie. En France, on surnomme ainsi Petite Sibérie la région naturelle du Haut-Doubs ou val de Mouthe, dans le massif du Jura ainsi que le Pays de Bitche en Moselle.
Mais ce vin-là vient du Roussillon, dans les Pyrénées français.
«Le domaine du Clos des Fées» propose plusieurs vins de prix et d'intérêt croissant. Ces deux vins les plus chers et les plus intéressants sont «Le Clos des Fées» et donc «La Petite Sibérie» (on y trouve aussi d'autres vins comme «Les sorcières» que j'apprécie moins, ou des vins que je ne connais pas comme «De battre mon coeur s'est arrêté» ou «Un faune avec son fifre»). Hervé Bizeul commercialise aussi dans un projet plus coopératif un vin nommé «Walden» en référence au livre éponyme de l'écrivain américain Henry David Thoreau.
https://www.closdesfees.com/fr/vins-la_petite_siberie.php
Ce vin du domaine du Clos des Fées provient d’une parcelle unique (2hectare 32ares 32centiares, la moitié en production) de vieilles vignes de grenache noir taillées en gobelet sur le versant sud d’un mamelon orienté est-ouest. Le terroir offre une belle diversité : argilo-calcaire, schistes et mica-schistes rouge-noirâtre, à teneur en fer exceptionnelle.
Les conditions climatiques sont extrêmes puisque la parcelle est traversée plus de 200 jours par an par un vent glacial venu du nord-ouest. Ceci illustre parfaitement bien le nom choisi pour la cuvée. Une maturité phénolique parfaite est recherchée, tout en conservant le maximum de fraîcheur et de fruit.
Une fois vendangés, les raisins macèrent 20 jours avec des extractions par pigeages doux réguliers. Par la suite, l’élevage se déroule en barriques neuves, avec des ouillages réguliers avec un assemblage Mouvèdre/Syrah (5 à 7 % selon millésimes). Mise en bouteille sans filtration.
Ce Côtes-du-Roussillon-Villages présente alors un caractère exceptionnel. Vin attachant, impressionnant, extrêmement changeant selon les lieux et les occasions, il peut évoluer dans le verre pendant plusieurs heures. Les arômes sont très complexes, les tannins soyeux et la finale persistante. Ce vin s’épanouira dans au moins 15 ans. Maturité 10 ans, potentiel de garde 30 ans. Il peut être savouré au cours d’un repas d’exception, gastronomique.
Mon regard sur ce vin
C'est un vin très différent des Bordeaux que j'aime déguster. Je n'ai goûté qu'une seule fois ce vin (à près de 200 à 250 euros la bouteille, cela s'explique assez aisément) mais j'ai souvenir que c'était l'un des meilleurs vins que je n'ai jamais dégusté. A vérifier lors d'une prochaine dégustation ! Ce vin vaut-il un tel prix ? Assurément selon moi.
Fourchette de prix unitaire
de 200 à 250 euros la bouteille